Communiqué de presse : UNESCO (22/4/20)*
Iraq : la reconstruction de la mosquée Al-Nouri de Mossoul progresse à l’issue de la phase initiale de travaux et dans l’attente de décisions d’ordre architectural.
Le Comité directeur conjoint du projet de réhabilitation et de reconstruction du minaret Al Hadba et de la mosquée Al-Nouri de Mossoul a déterminé les prochaines étapes de la reconstruction des deux monuments architecturaux de la vieille ville de Mossoul en Iraq.
La décision a été prise lors de la troisième session du Comité directeur de l’UNESCO qui s’est tenue mardi 21 avril et qui a marqué le lancement de la deuxième phase de l’initiative de l’UNESCO « Faire revivre l’esprit de Mossoul ».
À l’issue de la réunion, la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a déclaré qu’il s’agissait de « l’aboutissement de plusieurs mois de travail acharné, mais aussi de coopération, de dévouement et de détermination pour faire en sorte que nous avancions tous ensemble, côte à côte, pour faire revivre l’esprit de Mossoul. À la fin de la première phase de la reconstruction du complexe de la mosquée Al-Nouri, a-t-elle ajouté, je tiens à réitérer le ferme engagement de l’UNESCO en faveur de la réussite de la mise en œuvre de ce projet pour Mossoul, pour l’Iraq, pour le monde ».
Agissant au nom du Comité, l’UNESCO lancera un concours international d’architecture pour la reconstruction de la mosquée Al-Nouri. Le concours prendra en compte les contributions des habitants de la ville qui seront invités à participer à une consultation à grande échelle concernant les principales options de reconstruction du minaret et de la mosquée. Le calendrier de ces activités dépendra de la réponse à l’épidémie de COVID-19 à Mossoul.
La deuxième phase du projet « Faire revivre l’esprit de Mossoul », impliquant la consolidation de la base restante et la reconstruction du minaret et de la mosquée, débutera une fois que les études de terrain seront achevées. Une large consultation des habitants est prévue sur la conception de l’édifice et sur l’opportunité de faire pencher le Minaret à l’identique de l’original.
À ce stade, le Comité directeur conjoint a approuvé la reconstruction du minaret Al Hadba sur ses fondations d’origine tout en optant pour une solution intermédiaire pour la mosquée. Il s’agira de restaurer l’aspect visuel du bâtiment tel qu’il était avant sa destruction en 2017.
Rappelant que cette mosquée était un monument historique, le ministre iraquien de la Culture, Abdulameer Al-Hamdani, a exprimé « le vif désir de maintenir son authenticité avec le moins de modifications possible ».
Le projet, soutenu par les Émirats arabes unis (ÉAU), vise à restaurer et à reconstruire les monuments historiques de Mossoul, non seulement l’emblématique mosquée Al-Nouri mais aussi son célèbre minaret, haut de 45 mètres à l’origine, édifié il y a plus de 840 ans. Ce monument historique symbole de la ville a été en grande partie détruit par les extrémistes qui ont occupé la ville de 2014 à 2017. Le projet offre également des possibilités d’emploi et de formation professionnelle. Il fait partie intégrante de l’initiative phare de l’UNESCO « Faire revivre l’esprit de Mossoul », lancée en février 2018, en tant que réponse de l’Organisation pour la récupération de l’une des villes les plus emblématiques d’Irak, par la relance de l’éducation, du patrimoine et de la vie culturelle.
Jugeant qu’un « long chemin avait été parcouru depuis le début du projet », la ministre de la culture et du développement des connaissances des ÉAU, Noura bint Mohammed Al Kaabi, a estimé que « ces progrès n’auraient pas été possibles sans les efforts incessants du comité technique et du comité de pilotage. » « Nous avons assisté, a-t-elle souligné, à des développements significatifs sur le terrain. La mosquée Al Nouri représente un atout historique et culturel. Nous visons tous le même objectif : nous nous accorderons sur le principe de la sauvegarde de ce patrimoine culturel ». Se félicitant que le projet ait « beaucoup investi dans la communauté locale », la ministre s’est engagée à « continuer de faire participer les habitants tout au long du processus, à former et à embaucher davantage d’Iraquiens dans le cadre du projet ».
Cette réunion du Comité directeur conjoint marque la fin de la première phase du projet qui a commencé au début de 2019 et s’est étalé sur un an. Cette première phase a consisté à nettoyer et à déminer le site, à le documenter et à l’évaluer, à stabiliser les parties qui pouvaient être sauvées et enfin à planifier l’ensemble.
Par ailleurs, en octobre dernier, l’UNESCO, les ÉAU et le gouvernement irakien ont convenu d’entreprendre la reconstruction de deux églises dans la vieille ville de Mossoul : l’église catholique syriaque Al-Tahera et l’église conventuelle al-Saaa dite « Notre-Dame de l’horloge », en vue de faire revivre la diversité culturelle caractéristique de l’histoire de la ville depuis des siècles.
Pour le président du Waqf sunnite d’Iraq, Saad Kambash, la reconstruction de la mosquée, de son minaret et des deux églises, « constitue une partie essentielle du processus de réveil de l’esprit de Mossoul et de diffusion de l’espoir pour renforcer la cohésion communautaire ».
En raison de la pandémie de Covid-19, cette troisième réunion du Comité directeur conjoint s’est tenue à distance. Elle était coprésidée par M. Al-Hamdani, Mme Mohammed Al Kaabi, ainsi que par le sous-directeur général de l’UNESCO pour la culture, Ernesto M. Ottone Ramirez. Outre M. Kambash du Waqf sunnite, ont aussi participé à la réunion le président du Waqf chrétien, Raad Kajaji, ainsi que le frère Nicolas Tixier, de l’Ordre provincial dominicain, et Maha Aqeel, de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
M. Ottone Ramirez, a rappelé que « Mossoul avait toujours été un carrefour de cultures, fier de son identité et de sa diversité ; c’est rendre hommage au courage de ses habitants qui, spontanément, face à la violence, ont formé un bouclier humain pour protéger leur patrimoine commun ».