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Des Syriens en fuite vers le nord de la Syrie, le 20 décembre. AAREF WATAD / AFP

Le monde: En Syrie, des dizaines de milliers de civils fuient les bombardements dans la région d’Idlib


Parallèlement, Moscou et Pékin ont mis vendredi leur veto au Conseil de sécurité à un projet de résolution étendant d’un an l’aide humanitaire transfrontalière à quatre millions de Syriens.

Des dizaines de milliers de civils ont fui les bombardements du régime syrien et de son allié russe sur la province d’Idlib depuis le début de la semaine, annonce, vendredi 20 décembre, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Le communiqué indique également que « des milliers d’autres attendraient que les bombardements diminuent pour partir ».

La région d’Idlib, où vivent environ trois millions de personnes, dont de nombreux déplacés d’autres régions syriennes, est dominée par les djihadistes du groupe Hayat Tahrir Al-Cham (HTS), ex-branche syrienne d’Al-Qaida.

Cette région, qui échappe encore au régime, a fait l’objet d’un cessez-le-feu fin août mais est frappée depuis des semaines par de réguliers bombardements. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus de 80 combattants ont été tués à Idlib, depuis jeudi, lors d’affrontements entre forces du régime et groupes armés, soit une cinquantaine de rebelles et de djihadistes et trente combattants pro-régime.

Ces affrontements meurtriers se sont déroulés notamment près de la ville de Maarat Al-Nouman, contrôlée par les djihadistes. En parallèle, l’aviation russe, qui soutient les forces du régime, pilonne les zones autour de Maarat Al-Nouman et de la ville voisine de Saraqeb, selon l’OSDH.

« Des pénuries d’essence dans la région d’Idlib limitent aussi les mouvements des civils fuyant les hostilités », a fait savoir l’OCHA, précisant que « les déplacements durant l’hiver rendent encore plus vulnérables les personnes » ayant besoin d’aide humanitaire. « Beaucoup de ceux qui ont fui ont un besoin urgent (…) d’abris, de nourriture et d’aide sanitaire », a ajouté l’Organisation des Nations unies.

Veto russo-chinois à l’ONU

La Russie et la Chine ont mis vendredi leur veto au Conseil de sécurité à un projet de résolution de l’Allemagne, de la Belgique et du Koweït demandant la prolongation de l’autorisation transfrontalière de l’ONU, en vigueur depuis 2014, pour un an, avec trois points de passage, deux à la frontière turque et un à la frontière irakienne. L’aide humanitaire transfrontalière – nourriture, aide médicale… – bénéficie à quelque quatre millions de Syriens, mais un million de Syriens, au total, continuent de bénéficier d’une aide internationale après plus de huit ans de guerre.

Les treize autres membres du Conseil ont voté en faveur du texte. Il s’agit du quatorzième veto de la Russie sur une résolution concernant la Syrie depuis le début du conflit, en 2011, et de son deuxième veto en quatre mois sur un texte à vocation humanitaire relatif à ce pays. Les autorités syriennes « ont repris le contrôle sur la majeure partie du territoire » et cette résolution est « obsolète », a déclaré l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia.

« Il n’y a pas d’alternative » à cette aide transfrontalière, a rétorqué l’ambassadrice adjointe de la France, Anne Gueguen, qualifiant le choix de la Russie d’« irresponsable » et de « sinistre ». Une position reprise par l’ambassadrice américaine à l’ONU, Kelly Craft, qui a aussi parlé d’irresponsabilité et de cruauté de la part de Moscou.

En début de semaine, la Russie avait sorti dans les négociations un projet de texte concurrent, réclamant une prolongation de l’autorisation pour seulement six mois. Moscou demandait aussi de ne laisser en fonction que deux points de passage avec la Turquie, en fermant ceux installés aux frontières irakienne et jordanienne.

Constat d’échec politique

Après avoir mis son veto au projet concurrent, la Russie a soumis vendredi son texte à un vote, mais ce dernier n’a pas recueilli les neuf voix indispensables à son adoption. La Russie, la Chine, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire et la Guinée équatoriale ont voté pour. Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Pologne, le Pérou et la République dominicaine ont voté contre. L’Allemagne, la Belgique, le Koweït et l’Indonésie se sont abstenus.

« Si vous vous préoccupez tant de la Syrie, pourquoi ne pas avoir voté en faveur du texte russe ? », a demandé l’ambassadeur chinois à l’ONU, Zhang Jun, en rejetant les accusations d’irresponsabilité portées par ses détracteurs. L’autorisation onusienne sur l’aide transfrontalière expire le 10 janvier et les membres du Conseil de sécurité gardent la possibilité de négocier encore un compromis d’ici à cette échéance.

Dans la matinée, le Conseil de sécurité avait tenu sa réunion mensuelle sur le volet politique du dossier syrien, qui s’est traduite par un constat d’échec sur la création d’un Comité constitutionnel censé ouvrir la voie à un règlement politique en Syrie. L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a dressé un tableau sombre des travaux de ce Comité qui sont dans l’impasse, faute d’accord sur le programme d’activités de cette instance en fonction depuis la fin octobre.

Aucune nouvelle réunion de ce Comité n’est prévue dans un avenir proche et le responsable onusien a aussi exprimé sa « grande frustration » face à l’absence de progrès pour libérer des prisonniers ou clarifier le sort des disparus.


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https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/20/des-dizaines-de-milliers-de-civils-fuient-les-bombardements-dans-la-region-d-idleb_6023664_3210.html