Depuis 2014, le leader de Daech serait mort une demi douzaine de fois : trois dans les bombardements russes ou américains, et trois autres par des frappes d’artillerie syriennes et même un empoisonnement. Mais, aujourd’hui, ces différents rapports semblent être le fruit de plusieurs opérations de désinformation.
En effet, plusieurs indices tendent à démonter qu’Abou Bakr al-Baghdadi serait toujours vivant et redéploierait la stratégie de l’Etat islamique (EI) vers de nouveaux objectifs à long terme. Les services américains sont aujourd’hui convaincus que l’EI a organisé dans l’ordre sa retraite pour rejoindre la clandestinité.
Si Al-Baghdadi a fait le choix, comme Ben Laden à l’époque, d’effacer tous ses «patterns of life», malgré le risque de voir son leadership sur l’organisation affaibli, il serait intervenu à plusieurs reprises au cours de cette année, dont une fois physiquement à Deir ez-Zor, selon les interceptions réalisées par la NSA et les interrogatoires de prisonniers, et surtout les aveux d’Abou Zaid al-Iraqi (capturé par une opération conjointe entre Washington, Ankara et Bagdad), pour apaiser les divergences idéologiques au sein du mouvement et redéfinir la doctrine comme les moyens de propagande, afin d’internationaliser durablement son réseau opérationnel.
Si la conquête idéologique cherche à compenser les pertes territoriales, l’EI profite de toutes les opportunités pour reprendre le contrôle de ses anciens sanctuaires. L’offensive turque au Kurdistan aurait permis à l’organisation de réinvestir son fief de Deir ez-Zor abandonné par le SDF (les Forces démocratiques syriennes), mais aussi de renforcer considérablement ses lignes de communication.
Plusieurs vols de drones américains ont identifié, depuis quelques semaines, des flux réguliers de petits convois quittant des quartiers de la banlieue de Damas favorables à Daech convergeant vers le sud et l’est de la Syrie. Ce redéploiement est pris très au sérieux au sein du Pentagone. Le mandat du bureau Anti-EI au sein du Département d’Etat, créé par Rex Tillerson, a été reconduit pour six mois par Mike Pompéo. Mais surtout, après être parvenu à convaincre la coalition arabo-kurde du SDF, le SOCOM préparerait une nouvelle offensive contre l’EI autour du champ pétrolier d’Al-Tanak situé à proximité précisément de Deir ez-Zor.